Sunday, January 15, 2006

Vieux monsieur, qui a soigneusement déplié son journal pour y poser son séant,
Dans la pénombre de la salle aux seules lumières dansant sur l'écran
Laissant entrevoir le visage marqué par les ravages du temps,
Et ces yeux bleus que les nombreux soleils ont palis, abîmés, autant
Que ce corps aujourd'hui fébrile, le dos voûté, comme un bossu d'antan

Vieux monsieur, que peut cacher ce regard qui semble vide et perdu,
Fixé sur l'écran, qui conte l'histoire de cet amour beau mais déchu
Entre 2 garçons. Quelle expression impassible, à peine abattue
Quelles pensées t'envahissent? Tu ressembles à ce narrateur bourru
Mais blessé à jamais de son amour perdu? L'amour t'a-t-il aussi déçu?

Tu parais pourtant touché en plein coeur, apitoyé
Tes yeux, il me semble, voudraient pouvoir pleurer,
Dis-moi, depuis quand tes larmes sont-elles desséchées?
La pellicule touche à sa fin, toujours assis sur l'escalier,
Entre les sièges. Les lumières vont bientôt se rallumer.

Et vieux monsieur qui s'en relève avec difficulté, affaibli
Par le temps, lentement ses vieux journaux il replie
Mais la foule de jeunes Apollons l'ignore, s'agite autour de lui
Jeunes prétentieux, qui ne voient que la beauté, que le joli,
Dans l'apparente superficialité qui plane aujourd'hui.

Et vieux monsieur invisible, les traits ridés, vêtu de haillons
Personne ne le remarque, il n'y a que cette apparence donc!
Celle-ci pour laquelle vous vous prostitueriez, mais vos canons
Aux coeur de pierre ne font pas le poids face à ce vieillard moribond
Qui a le coeur de velours... Pourtant, vous l'ignorez pour de bon!

Et lentement, le vieux monsieur s'éloigne de ces festivités,
Il mettra bien du temps à faire son chemin et rentrer
Retrouver sa solitude, dans son antre où il va s'enfermer
Avec les souvenirs que cette histoire aura pu réveiller
Vieux monsieur, ta belle vie s'est déjà écoulée...

1 comment:

Anonymous said...

joli!